Angélique Minacapelli

Parlez-nous de votre parcours professionnel

J'ai passé 17 ans dans le secteur privé à travailler sur des projets pour la Commission européenne. J’ai ensuite réalisé un rêve d'enfant en rejoignant la magistrature. Comme j'avais entendu qu'ils comptaient parmi leur personnel un juge complètement aveugle, je savais que j'avais mes chances. Fin 2019, j'ai ainsi commencé à travailler au SPF Justice et à l’Ordre judiciaire (OJ).
Malheureusement, il s'est avéré que l'emploi pour lequel j'avais été engagée n'était pas adapté à mon handicap. 
Le service des ressources humaines de l’OJ m'a alors conseillé de participer à une sélection générique pour tous les départements fédéraux afin d'élargir mes possibilités de carrière.

Et c'est ce que j’ai fait... Cela n’a évidemment pas été facile du tout étant donné que j’avais des collègues très gentils et serviables et que changer de travail, c'est toujours un peu un pas dans l'inconnu.

Comment s'est déroulée la procédure de sélection ?

J'ai d'abord passé des tests pour la sélection générique. Comme j’avais signalé mon handicap dans mon dossier, j'ai bénéficié d’aménagements raisonnables. Le service compétent du SPF Stratégie et Appui m'a vraiment beaucoup aidée. Mon accompagnatrice a même trouvé une solution pour les tests abstraits en utilisant des codes de couleur.

Après avoir réussi ces épreuves, j’ai été inscrite sur une liste consultable par différents services fédéraux pour des offres d'emploi spécifiques. J'ai alors reçu 5 offres d'emploi, toutes du SPF Finances. Comme je ne voulais pas revivre la même situation que lors de mon emploi précédent, j'ai obtenu pour chaque fonction des informations auprès des personnes de contact indiquées dans l'offre d'emploi. Je leur ai systématiquement demandé d'expliquer concrètement à quoi ressemblait une journée de travail type.

J’ai finalement réussi les cinq entretiens qui ont été entièrement menés via Teams. Comme les personnes handicapées sont prioritaires en termes de recrutement, j'ai vraiment eu le choix. J'ai alors commencé au service juridique de l'Administration générale Perception et Recouvrement, où j'apporte un soutien juridique aux bénéficiaires.

Comment s'est déroulé l'accueil chez votre employeur?

Lorsque je suis arrivée à la Tour des Finances au Botanique pour mon premier jour de travail, j'ai été très bien accueillie par le personnel de sécurité à l'entrée. Je n’étais pas encore arrivée à la réception que déjà, j’entendais mon nom. C'était vraiment agréable d'être attendue et entourée de cette façon.

En fait, j'avais convenu avec mon nouvel employeur que je ne commencerais à travailler que lorsque tout l'équipement dont j'avais besoin pour faire mon travail serait prêt. Et finalement, mon employeur m'attendait déjà.

Pour mon dirigeant, je suis une stagiaire comme un autre : j'ai un an pour maîtriser le travail et devenir complètement opérationnelle. Et comme je viens seulement de commencer, j'apprends encore pleinement à travailler avec les systèmes. Je suis également autorisée à rédiger de plus en plus de documents, comme la citation en faillite sur laquelle je travaille actuellement.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler au sein de l’Administration fédérale ?

Dans le secteur privé, les personnes qui ont un handicap sensoriel doivent prouver deux fois plus que les autres qu’elles sont compétentes pour un emploi. Et si, de surcroit, vous êtes plus âgé, cela devient encore plus difficile. Au cours de ma formation (master en droit), j'ai entendu dire qu'il existait une règle à l’Administration fédérale selon laquelle 3% de l’effectif de chaque service public doit être composé de personnes handicapées. J'ai donc su dès le départ que j'avais de bonnes chances !
Quoi qu'il en soit : l'image du fonctionnaire paresseux est totalement fausse ! Mais il est vrai que les nombreuses procédures peuvent entraver notre travail.